jeudi 16 septembre 2010

Les Francs-Parleurs, mode d’emploi

« Franc-parler : Franchise dans les propos, liberté de langage : Avoir son franc-parler. » (Dictionnaire Larousse)

Assurément, notre troupe n’en manque pas ! C’est même ce qui lui a permis de grandir, dans la confiance mutuelle…

OSBL depuis février 2010, la troupe des « Francs-Parleurs » s’est constituée peu à peu, au gré des arrivées et des départs d’amateurs de théâtre, la plupart plutôt chevronnés, autour d’un projet un peu farfelu, une idée loufoque lancée presque par hasard, un jour frisquet de novembre, dans un café de la rue Rachel : « Et si on montait un spectacle, et même plusieurs, ayant pour thème les relations entre Québécois et Français installés au Québec… avec des Français ET des Québécois ? »

Cette idée vague a plu, d’abord à une, puis deux, puis trois personnes… et elle s’est développée grâce à l’imagination débridée, l’humour et l’enthousiasme de tous. Ainsi est née la troupe, d’une inspiration commune et d’un commun désir d’exprimer ces rapports complexes sur une scène de théâtre. Elle regroupe à présent sept joyeux histrions, d’âge et de taille différents. Tous Québécois ou Français à des degrés divers, ils ont eu envie d’explorer ce qui les rapproche ou les éloigne, ce qui fait leur(s) identité(s) et comment celles-ci sont perçues par l’autre. Ils n’ont pas eu peur de se confronter, de se « franc-parler », de rire des préjugés, des idées arrêtées. Ils n’ont pas hésité à faire un pied de nez à la facilité de rester entre soi, bien au chaud dans les conformismes. Ils ont eu le courage de se lancer dans un premier projet ambitieux – créer une troupe, écrire un spectacle, le monter et le produire devant un public montréalais – ensemble, alors qu’ils ne se connaissaient pas, ou peu. Chatouillés par le démon du théâtre – ou la folie furieuse ? – ils ont appris à se parler, à échanger, à débattre, à improviser, à composer, à échafauder et à rêver, en troupe.



D’autres messages suivront… est la trame de cette première belle aventure, qui représente un an et demi de travail acharné, entre grands élans créateurs et prudents tâtonnements. Huit personnages aux caractères bien trempés, n’ayant aucun rapport les uns avec les autres, se retrouvent coincés dans une panne de métro. Pendant ces interminables minutes où la tension ne cesse de monter, ils prennent conscience que, bien qu’étrangers, ils ont des points communs, des choses à se dire et à s’apprendre, des tabous à faire éclater, parfois bruyamment ! Pris d’abord au piège de l’incommunicabilité, ils finissent par échanger sur leur quotidien, à s’avouer comment ils voient leur avenir dans un pays étranger, ou rendu étranger par le nombre croissant d’immigrés. Cette « prise d’otage » est ponctuée par une capricieuse voix STM, qui les entraîne malgré eux hors du train, vers le rêve et l’évocation, l’intimité du vécu et du souvenir… et les aide à trouver un véritable terrain d’entente.

Comment deux peuples, unis par la langue et une histoire communes, comme le Québec et la France, mais qu’un océan et une culture séparent, font-ils pour vivre ensemble sur le même territoire et pour communiquer ? Est-ce si facile qu’on pourrait le croire ?... C’est autour de ces questions que se sont réunis les auteurs en herbe de la troupe, en apportant à chaque fois leur point de vue de Québécois ou de Français immigrés, leur vécu, leurs doutes. Sans nécessairement vouloir y donner de réponse, nous voulons surtout donner vie à des personnages fictifs mais inspirés de « types » observés sur nature ou de notre expérience personnelle, pour voir comment, pourquoi et jusqu’où on peut aller quand on se les pose, ces questions. Le spectacle veut indiquer des pistes de solutions, des occasions de penser, de s’étonner et de rire sur un sujet qui fait partie intégrante de notre quotidien de citadin, mais que bien peu de discours sincères abordent. Il s’adresse bien sûr à ceux qui sont dans cette situation, mais bien plus largement à tous ceux qui tentent de comprendre ce qui nous empêche d’aller vers l’autre quelque soit sa nationalité, et de vivre authentiquement, ensemble.

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